Prémices : Les cyberdissidents face aux débats
On définit un dissident comme une personne refusant de se soumettre à une autorité établie. Le cyberdissident est donc un dissident politique qui utilise les moyens de communication électroniques (pour nous internet) pour faire connaître ses opinions ou diffuser des informations. Une grande partie d’entre eux est anonyme et réside à l’étranger. Je tenais à le préciser car leur regard extérieur nous a été très bénéfique.
Fin 90 début 2000, la critique est divisée. Deux cas s’opposent. Tout d’abord celui où les discussions sont radicales vis-à-vis du régime en place et d’autre part, ceux qui évitent les questions jugées « sensibles » ou trop politiques. En ce qui me concerne, j’étais clairement militante, jusqu’à être radicale et perdre tout sens d’objectivité. Et je ne le regrette aucunement aujourd’hui. Loin de là. D’après Cass Sunstein, sociologue américain, c’est un phénomène de cyberbalkanisation. Ce terme fait référence aux Balkans où la population était partagée par différentes cultures, langues et traditions. On parle ici d’une ségrégation d’internet en plusieurs petits groupes étant du même intérêt, mais qui, étroit d’esprit, s’opposent. Cela crée une fragmentation du cyberespace qui inquiète les cyberdissidents étrangers.
Malheureusement notre opposition n’à fait que nous éloigner de notre but : la liberté du peuple ! Au lieu de nous unir, nous n’avons cessez de nous contredire et de nous cracher dessus dès que l’occasion se présentait. L’étroitesse d’esprit de certains faisait peur, à vous glacer le sang. A l’époque cela me laissait dans une incompréhension telle, que parfois je me demandais si l’on sortirait, un jour, victorieux de tout ça.
Et puis, les cyberdissidents sont arrivés sur la toile. S’étant isolés milieu 2000 de la grande majorité des internautes tunisiens, ils ont investi, peu à peu, un petit nombre de sites web collectifs, de listes de diffusion et de forums de discussion. Le débat public a commencé à changer, et la critique a évolué de jour en jour.